Article original datant du 07/11/21
Une curieuse histoire est parue ce week-end sur les descentes du FBI chez les rédacteurs ou associés de Project Veritas, l’organisation conservatrice de journalisme d’investigation. Project Veritas a été décrit de diverses manières comme du journalisme « Gonzo » (style journalistique outrageusement personnel, opposé aux dogmes de neutralité subjective de la profession, NdT) ou de « guérilla » et certains insistent sur le fait qu’il s’agit plus d’une organisation politique que de presse. Cependant, il correspond à la définition du journalisme à mon avis et c’est ce qui rend les raids troublants. La cause en est d’autant plus troublante : le journal intime disparu de la fille du président Biden, Ashley. [Mise à jour : le FBI aurait également fait une descente au domicile de James O’Keefe, fondateur de Project Veritas].
Le New York Times rapporte que le FBI a fouillé deux endroits à New York à la recherche du journal intime « volé » qui a disparu quelques jours avant l’élection présidentielle de 2020. Le fondateur du projet, James O’Keefe, s’est interrogé sur la façon dont le Times a reçu l’information moins d’une heure après la première perquisition.
O’Keefe affirme que l’organisation a en fait reçu un tuyau selon lequel le journal était abandonné dans une pièce, une allégation qui rappelle l’ordinateur portable abandonné de Hunter Biden. Cependant, Ashley aurait insisté sur le fait qu’il avait été volé.
Le recours au FBI n’est pas sans rappeler celui, toujours inexpliqué, de Joe Biden lorsqu’il était vice-président, à la recherche d’une arme appartenant à Hunter Biden qui avait été abandonnée derrière un restaurant.
Project Veritas a décidé de ne pas publier le contenu parce qu’il ne pouvait pas vérifier que le journal appartenait à Ashley Biden. (Le FBI vient peut-être de consentir cette confirmation). Au lieu de cela, selon O’Keefe, il a alerté la police: « Project Veritas a donné le journal aux forces de l’ordre pour s’assurer qu’il puisse être rendu à sa propriétaire légitime. Nous ne l’avons jamais publié. »
Alors pourquoi ces perquisitions ? Depuis quand le FBI fait-il des descentes de police pour des journaux intimes disparus ?
Le FBI peut citer les éléments inter-états du vol présumé comme soulevant un crime fédéral. Cependant, quel est ce crime ? Il n’est pas clair s’ils suggèrent que les responsables cherchaient à vendre le journal intime ou qu’il y avait un élément de sécurité nationale (ce qui serait bizarre puisque la fille de Biden écrivait avant que son père ne devienne président).
Les organisations de journalistes reçoivent régulièrement des documents retirés sans autorisation d’entreprises, d’agences ou de propriétaires privés par des sources confidentielles. S’il s’agit d’un crime fédéral passible de descentes du FBI, qu’est-il advenu de la politique des nouveaux médias de l’administration Biden après la controverse Tucker Carlson ?
Il y a une foule de questions sans réponse. En voici cinq pour commencer :
- Quel était le contexte de la perte du journal intime ? (Ashley Biden a-t-elle laissé le journal dans une pièce ou a-t-il été volé ?)
- Quel est le crime fédéral présumé (et quel est le précédent d’une enquête fédérale majeure sur un tel vol présumé) ?
- Quelles précautions ont été prises par l’administration Biden compte tenu du statut médiatique supposé des personnes visées ?
- Pourquoi cette action a-t-elle été retardée si le vol présumé a eu lieu il y a un an ?
- Cette affaire fait-elle l’objet d’une enquête depuis un an et la Maison Blanche a-t-elle demandé l’intervention du FBI ?
Quelle que soit l’opinion que l’on a du Projet Veritas, les médias devraient réclamer des réponses à ces questions fondamentales. De même, le Congrès devrait chercher à obtenir ces réponses dans le cadre de ses responsabilités de surveillance.
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