Des nouvelles sur le « suicide » de Jeffrey Epstein

Une video du journal The Hill, parue le 24 novembre 2021, fait le point sur certains faits nouveaux, et assez surprenants au sujet du suicide supposé de Jeffrey Epstein. Nous allons étudier les éléments contenus dans cette vidéo qui est intéressante à plus d’un titre.

L’avocate Bobbi Sternheim

  • L’avocate Bobbi Sternheim a été retenue pour assurer la défense de Ghislaine Maxwell

Bobbi Sternheim

Qui est Bobbi Sternheim ? Ghislaine Maxwell engage le « super avocat » de New York qui a défendu l’homme de main d’Oussama Ben Laden.


Bobbi Sternheim a aussi représenté Khalid al-Fawwaz en 2015, accusé de complot dans les attentats à la bombe contre les ambassades jumelles au Kenya et en Tanzanie en août 1998, qui ont fait 224 morts.

  • Bobbi Sternheim a aussi représenté Nicholas Tartaglione, ancien policier new-yorkais devenu trafiquant de drogue, est accusé d’avoir tué quatre hommes (NDLR: dont un par strangulation) dans le comté d’Orange. Il encourt la peine de mort.

Le policier/criminel Nicholas Tartaglione

Nicholas Tartaglione

  • Nicholas Tartaglione était le compagnon de cellule de Jeffrey Epstein. Tartaglione prétend avoir tenté de sauver la vie de Epstein suite à une tentative de suicide le 23 juillet 2019. Suite à cet évènement, Epstein sera mis sur la liste de surveillance des suicides
  • Nicholas Tartaglione, détenu au Metropolitan Correctional Center, affirme avoir aidé à déjouer le suicide de Jeffrey Epstein, mardi soir dernier.
  • Epstein aurait tenté de se pendre dans la prison de haute sécurité de Manhattan.
  • D’après l’avocat de Tartaglione, les deux prisonniers se sont liés d’amitié à cause des conditions déplorables de la prison.

La page Wikipedia qui traite de la mort de Jeffrey Epstein nous donne des détails supplémentaires:

À 1 h 27 du matin le 23 juillet 2019, Epstein a été retrouvé semi-inconscient dans sa cellule avec des blessures au cou. Les responsables de la prison ont interrogé son compagnon de cellule, Nicholas Tartaglione, suspecté de meurtres multiples et de complot de drogue. Il a nié avoir fait du mal à Epstein. Une enquête interne de la prison a innocenté Tartaglione de tout lien avec l’événement. […] Spencer Kuvin, un avocat qui a représenté trois des victimes présumées d’Epstein, a déclaré en juillet 2019, après la première tentative de suicide d’Epstein, qu’il croyait qu’il s’agissait d’une attaque contre sa vie et qu’il y avait une forte probabilité qu’il soit assassiné en prison.

À la suite de cet incident, Epstein a été placé sous surveillance pour cause de suicide (suicide watch). Il a été détenu dans une cellule d’observation, entourée de fenêtres, où les lumières restaient allumées et où tout appareil qu’il pourrait utiliser pour se tuer était interdit. Après six jours, le personnel psychologique a retiré Epstein de la surveillance anti-suicide après un examen psychiatrique. Il est alors retourné dans l’unité spéciale de logement (SHU), où il devait avoir un compagnon de cellule et être contrôlé toutes les 30 minutes.

Une note écrite par Epstein a été trouvée dans sa cellule après sa mort. Il s’y plaignait de gros insectes qui rampaient sur son corps, de la gardienne Tova Noel qui lui donnait de la nourriture brûlée, et d’un gardien qui l’enfermait intentionnellement dans une cellule de douche sans vêtements pendant une heure. Le 8 août, Epstein a signé ses dernières volontés et son testament, en présence de deux avocats qui le connaissaient. Le testament nomme deux employés de longue date comme exécuteurs testamentaires, et donne immédiatement tous ses actifs, et tout actif restant dans sa succession, à un trust.

Une autre version des faits

Jeffrey Epstein a dit à ses avocats qu’un ex-flic corpulent lui a infligé les blessures qui l’ont laissé presque inconscient dans sa cellule le mois dernier, a déclaré au Post une source proche du dossier du pédophile condamné […].

Epstein a dit à ses avocats que « le flic l’a malmené, et c’est pour cela qu’ils l’ont sorti de la surveillance des suicides », a déclaré la source.

L’avocat de Tartaglione, Bruce Barket, a contesté ce récit, déclarant : « J’ai parlé à ses avocats et ils n’ont jamais fait allusion à cela pour moi, mais il doit avoir dit quelque chose pour sortir de la surveillance de suicide. »

« Je sais que Nick n’a fait l’objet d’aucune accusation dans l’établissement, donc ils l’ont innocenté », a déclaré Barket.

« Il est simplement, manifestement faux de dire que [Epstein] a fait autre chose que d’essayer de se tuer au moins deux fois, et qu’il a réussi quand il a réussi. »

De retour dans les médias

Cette affaire revient dans les médias depuis quelques jours suite à la réception de 2000 pages de documents obtenus suite à une requête FOIA (Freedom of Information Act) faite par le NY Times. Ces documents sont rendus disponibles moins d’une semaine avant le début du procès de Ghislaine Maxwell. Ces documents révèlent certains points intéressants:

Jeffrey Epstein a nié à plusieurs reprises être suicidaire dans les semaines qui ont précédé son suicide en 2019 – et a même dit à un psychologue « être en vie est amusant », selon des dossiers de prison récemment publiés.[…]

Une psychologue a écrit dans ses notes d’une évaluation du risque de suicide le 9 juillet que « Epstein a catégoriquement nié toute idéation, intention ou plan suicidaire. » […]

Elle ajoute qu’Epstein lui a dit « être en vie est amusant » et s’est décrit comme un banquier avec une « grosse affaire ».

« Il était orienté vers le futur », a écrit la psychologue dans ses notes.

Suicidaire ou pas?

Je vous laisse apprécier ce grand moment de journalisme qui nous est offert par le NY Times:

[…]Ces rapports contrastent cependant avec les notes des détenus chargés de surveiller Epstein, avec des registres indiquant qu’il avait du mal à dormir, qu’il s’inquiétait pour sa sécurité, qu’il était constipé et qu’il était de plus en plus dérangé par les toilettes qui coulaient dans sa cellule et par d’autres bruits forts dans la prison.

« Il a dit qu’il s’asseyait dans un coin et se tenait les oreilles », a écrit un psychologue au sujet de la plainte d’Epstein concernant les toilettes, notant qu’il a suggéré qu’il pourrait être autiste parce que « le personnage autiste de Dustin Hoffman dans Rain Man avait une aversion pour le bruit » […].

Mais, le coup de grâce pour Epstein a peut-être été donné lorsqu’une cour d’appel fédérale a dévoilé 2 000 pages de documents jusque-là confidentiels dans le cadre d’un procès en diffamation contre Ghislaine Maxwell. Les documents étaient accablants pour Epstein, détaillant des événements qui se sont produits dans son manoir de Manhattan, dans sa résidence de Floride et sur sa tristement célèbre île privée.

Le même jour, après avoir appelé sa petite amie, Epstein est retourné seul dans sa cellule – la prison ne lui avait pas assigné de nouveau compagnon de cellule malgré les ordres stricts qu’il ne devait pas rester seul. Bien qu’il soit sous surveillance psychologique, il n’était pas surveillé par les deux gardiens de service qui auraient passé leur temps à « surfer sur Internet et à faire semblant de dormir ». Le lendemain matin, Epstein a été retrouvé avec un drap de lit noué autour du cou et déclaré mort une heure plus tard. Bien que de nombreuses théories du complot aient été lancées, aucune n’a été étayée par des faits et dans ces nouveaux documents, les détenus chargés de surveiller Epstein indiquent clairement que l’homme avait un talent pour manipuler les autres.

« Jeffrey Epstein s’est définitivement suicidé. Toute théorie de conspiration contraire est ridicule », aurait déclaré au psychologue un détenu dont la cellule était voisine de celle d’Epstein après sa mort, disant qu’il pouvait entendre l’homme d’affaires disgracié « déchirer son drap avant de se suicider. »

Il est probable que sa mort puisse être attribuée à une mauvaise supervision et à sa propre capacité à tromper les gens.

Pour résumer

  • Le détenu le plus important de l’histoire des États-Unis, dont les révélations sont capables de faire tomber quantité de personnes très puissantes, est mis en cellule avec un ancien policier, Nicholas Tartaglione, accusé du meurtre de 4 personnes et qui pourrait être condamné à la peine capitale
  • La surveillance dudit détenu est laissée à la responsabilité de ses codétenus, et de gardiens qui passent leur temps « sur Internet et à faire semblant de dormir »
  • La vidéo du suicide d’Epstein disparaît mystérieusement.
  • L’avocat de Tartaglione est aussi l’avocat de Ghislaine Maxwell

On a aussi appris dans le passé que les deux gardiens en charge de la surveillance de Epstein ont falsifié les registres de surveillances la nuit de la mort du milliardaire, déclarant avoir visité le détenu alors que les caméras de vidéo surveillance indiquent clairement qu’ils ne l’ont pas fait. Assez étrangement, ces deux gardiens ne recevront qu’une maigre sanction (100 heures de travaux communautaires, pas de prison) suite à cette admission:

Le spin médiatique

En fin de vidéo, les journalistes discutent et donnent leur opinion sur la question. En substance, pour eux, il y a trois options possibles:

  • Epstein s’est suicidé
  • Epstein a été assassiné
  • On a laissé Epstein se suicider, ce qui est la version privilégiée par les journalistes du Hill

Concernant les dysfonctionnement des équipes de gardes et la disparition des enregistrements de vidéosurveillance, ils affirment que de toutes façons les caméras ne fonctionnent jamais, et les gardes sont feignants et mal payés.

Par ailleurs, dans les documents obtenus par le NY Times, on apprend que selon le témoignage d’un détenu, « personne n’aurait pu entrer et sortir de la prison, et la prison est géré de manière tellement incompétente qu’ils n’auraient jamais été capable de mettre en place cette conspiration. C’est une combinaison a la fois d’incompétence ou d’indifférence volontaire. Un gardien, ou un codétenu aurait pu le tuer, mais ils n’ont pas vraiment de motivation a agir de la sorte. Mais le point important est que les gens qui travaillent dans la prison se moquent de ce que Epstein va vivre ou mourir »

Nous avons affaire ici à ce que l’on appelle un spin médiatique: Les médias savent l’intérêt de la population sur cette affaire qu’ils ont tout fait pour passer sous silence. Avec le début du procès Maxwell le 29 novembre, ils se placent en avance de phase sur cette affaire, en révélant des informations dommageables, certes, mais de manière controlée, et en prenant bien soin de vous expliquer ce que vous devez en penser.

Notez que l’explication qu’ils donnent est toujours la même: l’incompétence.

  • C’est l’incompétence de l’administration pénitentiaire qui a laissé Epstein se suicider
  • C’est l’incompétence du gouvernement qui a causé le désastre de la crise COVID
  • C’est toujours l’incompétence du gouvernement que l’on blame dans les dysfonctionnements majeurs survenus le 11 septembre 2001
  • Crise Afghane: incompétence de l’armée
  • etc.

Ca sent la panique pour l’état profond. Le meilleur reste à venir.

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