Aujourd’hui, l’avocat spécial John Durham a proposé de lever les scellés de cette motion in limine (dès le commencement du procès – WIKI) dans l’affaire des fausses déclarations d’Igor Danchenko.
Cette motion fournit de nouvelles informations sur les détails des mensonges de Danchenko au FBI, de nouvelles informations sur la façon dont l’avocat spécial Mueller a ignoré les fausses déclarations de Danchenko, le témoignage attendu du cadre lié à Clinton, Charles Dolan, et un développement fou.
Mais nous allons commencer par le développement le plus accablant : Danchenko était sur la liste des salariés du FBI en tant que source humaine confidentielle (SHC) de mars 2017 à octobre 2020.
L’objectif de faire de Danchenko une SHC devrait être assez clair. L’enquête Crossfire Hurricane a été entachée de problèmes dès le départ. Les raisons de l’ouverture de l’enquête étaient bidon. Ces problèmes se sont poursuivis au fur et à mesure que l’enquête avançait, les allégations de collusion Trump/Russie s’avérant non vérifiées ou carrément fausses. (D’où le ciblage de Flynn pour une violation de la loi Logan – Loi américaine qui interdit aux citoyens sans autorisation de négocier avec des gouvernements étrangers en conflit avec les Etats-Unis, NdT)
Cela s’est développé dans les demandes FISA de Carter Page, soumises pour la première fois à la Foreign Intelligence Surveillance Court (Cour judiciaire de la FISA) en octobre 2016, et qui s’appuyaient essentiellement sur les Dossiers Steele (alias Rapports Steele). Les demandes FISA ont été renouvelées à trois reprises – nous y reviendrons plus tard. Chaque demande présentait ses propres problèmes, depuis des avocats du FBI mentant au sujet de Carter Page jusqu’à la Cour étant généralement induite en erreur.
Réalisant sa propre inconduite, le FBI a fait de Danchenko un SCH rémunéré en mars 2017 – juste avant que le troisième mandat FISA ne soit soumis en avril 2017. Cela permettrait au FBI de Comey de travailler directement avec Danchenko à l’appui de son enquête de contre-espionnage contre le président Trump.
Le fait que Danchenko soit un SCH a également servi un autre objectif : il a protégé le Bureau et le procureur spécial Mueller de la révélation de leurs « sources et méthodes. » Comment cacher une mauvaise conduite ? Enterrez le témoin.
(Relisez le rapport de l’inspecteur général Horowitz concernant les mandats FISA de Carter Page. Horowitz savait-il que Danchenko était un SHC) ?
Le contexte aide – voici une brève chronologie des entretiens avec Danchenko et d’autres événements importants :
- Octobre 2016 : Le premier mandat FISA pour Carter Page est soumis à la Cour FISA.
- 12 janvier 2017 : La demande du deuxième mandat FISA est soumise à la Cour FISA.
- 24-25 janvier 2017 : Danchenko est interrogé pour la première fois par le FBI. Lors de ces entretiens, il fait de fausses déclarations selon lesquelles il a parlé à Sergei Millian par téléphone et que Millian a accepté de le rencontrer à New York. Ces deux affirmations étaient fausses.
- Mars 2017 : Danchenko est engagé par le FBI en tant que SCH.
- 16 mars 2017 : Danchenko ment aux agents du FBI, disant qu' »il a reçu un appel téléphonique fin juillet 2016 d’un individu qui, selon Danchenko, était « probablement » [Millian »], alors qu’en vérité et en fait, et comme le défendeur le savait bien, [Millian] n’a jamais appelé Danchenko. »
- 7 avril 2017 : La demande du troisième mandat FISA est soumise à la Cour FISa.
- 9 mai 2017 : Le président Trump congédie le directeur du FBI James Comey.
- 17 mai 2017 : Robert Mueller est nommé conseiller spécial.
- 18 mai 2017 : Danchenko déclare faussement aux agents du FBI qu’il « ‘avait l’impression’ qu’un appel téléphonique reçu fin juillet 2016 provenait de [Millian’] » alors qu’en réalité Millian n’a jamais appelé Danchenko.
- 15 juin 2017 : Danchenko ment aux agents du FBI, disant qu’il n’avait jamais « parlé avec le cadre RP-1 » (Dolan) des allégations du dossier.
- 29 juin 2017 : La demande du quatrième mandat FISA est soumise à la Cour FISA.
- 24 octobre 2017 : Danchenko ment aux agents du FBI, déclarant qu’il avait parlé à Millian « au téléphone à plus d’une occasion. »
- 16 novembre 2017 : Danchenko ment aux agents du FBI, déclarant « qu’il avait parlé à [Millian] au téléphone » alors qu’il savait qu’il ne l’avait jamais fait.
- 9 décembre 2019 : Le rapport Horowitz est publié, détaillant les abus FISA du Département de la Justice/du FBI/de Mueller.
- 19 octobre 2020 : John Durham est nommé conseiller spécial.
- Octobre 2020 : Danchenko est licencié en tant que SCH.
À titre d’information, voici notre discussion sur l’inculpation de Danchenko et sur ce que le FBI savait des connexions de Danchenko avec Clinton. Rappelez-vous que Danchenko a été inculpé pour de multiples fausses déclarations faites aux fonctionnaires fédéraux pendant l’enquête Trump/Russie. Quoi qu’il en soit, revenons à la motion d’aujourd’hui.
La motion in Limine
Lorsque les rapports Steele ont été publiés, les médias ont repris les rumeurs les plus salaces, dont l’une était tout à fait incroyable : les services secrets russes avaient une vidéo de Trump impliqué avec des prostituées à l’hôtel Ritz-Carlton de Moscou. Aussi connue sous le nom de « cassette pipi ».
L’allégation vient de Danchenko, qui l’attribue à ses sources – une du Ritz-Carlton, et une autre étant Sergei Millian. Durham la réfutera, puisqu’il compte appeler au procès « Bernd Kuhlen », le directeur général du Ritz-Carlton de l’époque, qui niera avoir parlé ou rencontré Danchenko « en juin 2016, ou à n’importe quel moment. »
Quant à Sergei Millian (nous y reviendrons plus tard), Durham démontrera que Danchenko a faussement déclaré au FBI que ces informations de Millian « provenaient d’un seul appel téléphonique anonyme de dix ou quinze minutes qui aurait eu lieu fin juillet 2016 ». Ce timing est d’une importance particulière, comme l’explique Durham :
Ensuite, il y a les fausses déclarations de Danchenko sur Charles Dolan, un cadre démocrate influent ayant des liens avec les Clinton. Il est intéressant de noter que c’est Dolan qui s’est vu offrir une visite de la suite présidentielle du Ritz-Carlton, qui était le lieu supposé des « prétendues activités sexuelles lascives de Trump ».
En fait, il est prévu que Dolan témoigne au procès. Selon Durham :
le Gouvernement prévoit que M. Dolan témoignera que (1) c’est lui et M. Kupka qui ont assisté à un déjeuner avec le directeur général du Ritz-Carlton et d’autres membres du personnel de l’hôtel lors du voyage à Moscou en juin 2016 et que [Danchenko] n’était pas présent, et (2) que ni Donald Trump ni ses prétendues pratiques sexuelles n’ont jamais été discutés lors de ce déjeuner. En outre, le gouvernement prévoit également que M. Dolan témoignera que le personnel de l’hôtel Ritz-Carlton a, en fait, fourni la visite susmentionnée de la suite présidentielle dans le cadre du voyage de juin 2016 et que, encore une fois, Donald Trump et ses prétendues pratiques sexuelles n’ont pas été discutés au cours de cette visite.
Quelle est la théorie de Durham sur le motif de Danchenko pour mentir sur les allégations du Ritz-Carlton ? Parce que cela reflète « un effort délibéré pour dissimuler au FBI le rôle de Charles Dolan en tant que source pour les rapports Steele et pour tromper le FBI concernant le rôle (ou l’absence de rôle) de Millian« .
A l’appui de la théorie selon laquelle Danchenko s’est engagé dans un « plan global » pour tromper le FBI » sur son travail pour Orbis (la société qui a recueilli les informations contenues dans les Rapports Steele), Durham prévoit également d’introduire :
- Des preuves que Danchenko « à de multiples occasions a communiqué et envoyé des courriels avec, entre autres, Charles Dolan concernant son travail pour Steele et Orbis ».
- « Des preuves qui prouvent que Dolan était au courant que les rapports [de Danchenko] faisaient partie d’un ‘projet connexe contre Trump’ et que ce travail était effectué pour le compte de Steele et Orbis. »
Ce n’est pas tout. En février 2016, près d’un an avant son entretien avec le FBI et des mois avant qu’il ne commence à recueillir des informations pour Christopher Steele, Danchenko a expliqué à un ancien employeur comment fabriquer des sources :
La pertinence de cet e-mail ? Le conseil de Danchenko de « joindre de multiples sources aux informations et d’obscurcir son propre rôle en tant que source d’information est cohérent avec les fausses déclarations présumées de [Danchenko] dans lesquelles il a nié ou fabriqué les rôles de ces individus ».
Les courriels et les représentations de Steele au FBI
On attend également au procès, si le juge l’autorise, les courriels de/vers Danchenko où il discute de ses efforts infructueux pour joindre Millian.
En outre, il existe un courriel dans lequel Christopher Steele informe le FBI que Danchenko « avait rencontré Sergei Millian à deux ou trois reprises – au moins une fois à New York et une fois à Charleston, en Caroline du Sud ».
Nous avons évoqué Mueller lors de l’introduction, et voici pourquoi. Steele a transmis au procureur spécial Mueller des informations sur les rencontres Millian/Danchenko qu’il savait être fausses. De même, Danchenko a révélé des informations comme le fait que le rapport de Steele était faux. Qu’a fait l’équipe Mueller avec ces informations ? Ils l’ont cachée à la Cour FISA et au public. Danchenko est resté en tant que SCH tout au long du service de Mueller en tant que conseiller spécial. Danchenko ne pouvait pas être touché en raison de son statut de SHC, protégeant ainsi Mueller et le FBI.
Sergei Millian ne témoignera pas au procès
Sergei Millian, un témoin clé pour Durham, ne témoignera pas au procès. Millian est actuellement à l’étranger. Il a fait part de ses inquiétudes pour sa sécurité, déclarant qu’il ne fait pas confiance au FBI. On ne peut pas vraiment le blâmer à ce stade. A ce stade, Durham ne peut pas contraindre la présence de Millian.
Certes, Millian est un témoin clé. Mais clé ne veut pas nécessairement dire essentiel. Les e-mails de Danchenko et ses déclarations incohérentes sont suffisamment accablants, et il peut être condamné en l’absence de Millian. Cela nuit – mais n’est pas fatal – à l’affaire Durham.
L’enquête préalable de contre-espionnage du FBI sur Danchenko
Lorsque des rapports ont fait surface sur l’inculpation imminente de Danchenko, nous avons supposé qu’il serait accusé d’avoir fait de fausses déclarations concernant ses contacts antérieurs avec les services de renseignement russes.
En 2008, alors que Danchenko était employé par le Brookings Institute, il avait approché « deux collègues employés pour savoir si l’un des employés pourrait être disposé ou capable à l’avenir de fournir des informations classifiées en échange d’argent ». L’institut a mené une enquête complète sur Danchenko après avoir appris qu’il « avait été identifié comme un associé de deux sujets du contre-espionnage du FBI et (2) qu’il avait déjà eu des contacts avec l’ambassade de Russie et des agents connus des services de renseignement russes. »
Alors que nous étions peut-être trop optimistes quant à ces accusations de fausses déclarations (non sans raison – Durham souligne les démentis de Dancheno concernant ses contacts avec les services de renseignement russes), Durham cherche à introduire des preuves de ces mensonges pour établir que les mensonges de Danchenko étaient matériels.
Le raisonnement ? Que la question de savoir si Danchenko a travaillé pour le compte des services de renseignement russes (pas l’allégation, juste la question) pourrait être importante pour les enquêteurs. Même si les enquêteurs Comey/Mueller ne voulaient pas creuser aussi profondément.
Autres enquêtes du FBI
Nous notons également que Durham s’attend à ce que la défense de Danchenko « introduise des preuves d’enquêtes du FBI sur d’autres individus qui, selon le gouvernement, figureront en bonne place au procès. » Quels autres individus ? Millian, Dolan et Steele, pour commencer.