Article original datant du 30/03/21
Selon un nouveau rapport, l’enquête de John Durham sur les origines et la conduite de l’enquête Trump-Russie se poursuit sous l’administration Biden; le procureur spécial organisant des entretiens avec des témoins et émettant des citations à comparaître ces derniers mois.
Début février, le président Joe Biden a demandé à tous les procureurs américains confirmés par le Sénat de démissionner. M. Durham a été prié de quitter son poste de procureur américain du Connecticut mais de rester en tant que « procureur spécial ». M. Durham a démissionné de son poste de procureur fédéral fin février mais poursuit son enquête sur les enquêteurs (du FBI, NdT).
Un rapport de CNN publié mardi cite des sources anonymes qui ont déclaré qu’après des retards l’année dernière, imputables à la pandémie de coronavirus, les enquêteurs missionnés par Durham « organisent maintenant des entretiens avec des témoins » et par ailleurs des assignations à comparaître devant un grand jury « ont également été utilisées pour rassembler des documents au cours des derniers mois. »
Lors de son audition de confirmation en février, l’actuel procureur général Merrick Garland a refusé de promettre directement à la commission judiciaire du Sénat qu’il protégerait l’enquête de Durham ni ne rendrait son rapport public, bien qu’il ait déclaré qu’il n’avait actuellement aucune raison de penser qu’empêcher le procureur de poursuivre son travail n’était pas la bonne décision à prendre.
Le nouveau rapport cite des « personnes informées sur la question » qui ont déclaré que l’enquête de Durham examinait la « gestion » par le FBI du dossier discrédité de l’ex-espion britannique Christopher Steele contre Trump, ainsi que les « divulgations » du FBI à la Foreign Intelligence Surveillance Court (FISA – Cour de Surveillance du Renseignement Étranger des États-Unis), où le bureau a reçu un mandat suivi de trois renouvellements en 2016 et 2017 visant l’ancien conseiller de la campagne Trump, Carter Page.
Le média a également cité des « personnes informées de l’affaire » en rapportant que « certains témoins » ont été interrogés sur la manière dont les informations de Steele sont parvenues au FBI par l’intermédiaire de Perkins Coie, dont le principal avocat spécialisé dans les élections, Marc Elias, conseiller général de la campagne d’Hillary Clinton en 2016, a engagé la société de recherche d’opposition (pratique de recherche d’information sur un opposant politique dans le but de le discréditer, NdT) Fusion GPS, qui a ensuite engagé Steele, et a rencontré l’ancien agent du MI6 pendant la période précédant l’élection.
L’inspecteur général du DOJ, Michael Horowitz, a publié un rapport en décembre 2019 qui concluait que l’enquête du FBI était remplie de graves faux pas et dissimulait des informations disculpatoires à la FISA. Horowitz a critiqué le bureau pour au moins 17 « erreurs et omissions importantes » dans sa surveillance de Page et pour sa confiance dans le dossier discrédité et financé par les démocrates compilé par Steele.
Horowitz a déclaré que les entretiens du FBI avec la principale source de Steele, l’avocat Igor Danchenko, basé aux États-Unis et formé en Russie, « ont soulevé des questions importantes sur la fiabilité des rapports de Steele sur les élections ». Des notes de bas de page déclassifiées ont montré que le FBI était conscient que le dossier de Steele pouvait avoir été compromis par la désinformation russe.
Le nouveau rapport des médias affirme également que « des personnes informées de l’affaire » ont déclaré qu' »au moins certaines des questions sur lesquelles les enquêteurs de Durham se sont concentrés ont trait à la façon dont d’autres responsables du FBI ont répondu aux renseignements recueillis avant les demandes de surveillance de Page ». Page a nié tout acte répréhensible et n’a jamais été accusé d’un crime.
Le rapport indique que l’année dernière, Durham s’est penché sur les mesures prises par l’ancien directeur du renseignement national James Clapper et l’ancien directeur de la CIA John Brennan « avant de passer apparemment à autre chose et de continuer à surveiller le FBI ». Le rapport a déclaré que le procureur spécial était encore « en train d’examiner les premiers aspects » de l’enquête Trump-Russie.
En décembre 2019, Horowitz a conclu que Crossfire Hurricane (le nom de l’enquête du FBI, NdT) avait été « ouvert dans un but d’enquête autorisée et sur la base de faits suffisants. » Mais Durham, ainsi que l’ancien procureur général William Barr, n’étaient pas d’accord avec l’affirmation selon laquelle l’ouverture de l’enquête était justifiée.
Barr a discrètement nommé Durham au poste de procureur spécial en octobre après l’avoir d’abord affecté à cette tâche en mai 2019, lui offrant ainsi des protections supplémentaires contre une nouvelle administration cherchant à écourter son travail. Durham a été « autorisé à enquêter pour déterminer si un fonctionnaire fédéral, un employé ou toute autre personne ou entité a violé la loi dans le cadre des activités de renseignement, de contre-espionnage ou d’application de la loi visant les campagnes présidentielles de 2016, les personnes associées à ces campagnes et les personnes associées à l’administration du président Donald J. Trump » en tant que conseiller spécial.
L’ancien procureur général a également déclaré que Durham devrait soumettre des rapports intermédiaires s’il le juge approprié, ainsi qu’un rapport final une fois qu’il aura terminé son enquête, afin que le public puisse apprendre ce qu’il a découvert. Le nouveau rapport de CNN affirme qu’à l’été dernier, Durham a rejeté les efforts visant à le pousser à rendre public un résumé partiel de ses découvertes. Le rapport cite d' »anciens responsables » qui ont déclaré que « la déception de Trump à l’égard de Durham a été à l’origine de l’aigreur de sa relation avec Barr. »
La semaine dernière, l’ancien président Donald Trump a exprimé son mécontentement persistant face à la lenteur de l’enquête de Durham, demandant dans une déclaration : « Où est John Durham ? Est-il vivant, respire-t-il ? Y aura-t-il un jour un rapport Durham ? »
Selon le nouveau rapport, « on ne sait toujours pas si Durham poursuit d’autres affaires criminelles éventuelles » au-delà du plaidoyer de culpabilité de l’ex-avocat du FBI Kevin Clinesmith, qui a admis avoir modifié un courriel de la CIA en 2017 pour indiquer qu’en 2016 Page n’était « pas une source » pour la CIA alors qu’il avait dit au FBI à de multiples occasions que Page avait été un « contact opérationnel » pour l’agence. Clinesmith a été condamné à une mise à l’épreuve.
Les alliés républicains de Trump ont salué l’enquête criminelle sur l’enquête « russe », bien que beaucoup aient été frustrés par sa lenteur, tandis que les démocrates l’ont critiquée comme étant entachée par la politique.
Robert Mueller a publié un rapport en 2019 concluant que les Russes ont interféré dans l’élection de 2016 de « manière globale et systématique », mais « n’a pas établi que les membres de la campagne Trump ont conspiré ou se sont coordonnés avec le gouvernement russe. » L’ancien procureur spécial a également énoncé 10 cas d’obstruction possible à la justice, mais Barr et le procureur général adjoint de l’époque, Rod Rosenstein, ont conclu que Trump n’avait pas fait obstruction à la justice.