Article original datant du 26/05/21
Le tout premier audit du vote présidentiel de 2020 dans le comté de Maricopa, en Arizona, a déclenché une « guerre civile » qui oppose le sénat de l’État dirigé par les républicains aux responsables du Parti démocrate chargés de superviser les élections à l’échelle de l’État, mais aussi aux responsables républicains qui dominent le comté de Maricopa.
Entre-temps, des audits similaires commencent cette semaine en Géorgie et dans le New Hampshire, provoquant des débats entre démocrates et républicains – et entre les responsables républicains eux-mêmes.
Bien qu’aucun audit ne puisse écarter le président Joseph R. Biden Jr. de la Maison-Blanche, les enjeux de cette lutte très technique pour l’intégrité des bulletins de vote sont élevés : il s’agit des règles de décompte des voix qui seront appliquées lors des élections législatives de 2022, au cours desquelles les démocrates défendront une majorité très mince de neuf sièges à la Chambre des États-Unis et une impasse de 50-50 au Sénat, où la vice-présidente démocrate Kamala D. Harris donne la majorité (elle détient la 51ème voix, NdT).
La Chambre des représentants des États-Unis certifie que Biden est le vainqueur de l’élection le 6 janvier 2021, ce qui exclut toute contestation juridique de ce résultat.
« Nous devons découvrir ce qui s’est réellement passé en 2020 afin de solidifier les élections en 2022 et au-delà », a déclaré Patrick Byrne, partisan de l’audit des bulletins de vote et auteur de The Big Rig, un livre sur les allégations d’irrégularités électorales en 2020.
Byrne a nié que l’audit soit une tentative de renverser l’élection présidentielle de 2020. « Si l’audit s’avère qu’il y a une très bonne intégrité électorale à Maricopa, alors cela nous dit que toutes nos préoccupations sont mal fondées », a déclaré Byrne à Zenger News. « Mais s’il s’avère, comme nous l’attendons, qu’il y a beaucoup d’indices qui montrent que la réalité est bien différente de ce que les chiffres ont présenté, alors nous devons examiner toutes les institutions qui ont échoué. »
Byrne continue de dire à son public sur les réseaux sociaux que les fans de l’ancien Président Donald J. Trump aimeront le résultat de l’audit. « Nous allons gagner », a-t-il écrit le 25 mai sur son compte de réseaux sociaux à locals.com, « et nous allons le faire sans tirer un coup de feu. » Le 20 mai, Byrne a suggéré qu’il est possible que Trump revienne bientôt à la Maison Blanche.
L’audit du comté de Maricopa a été retardé d’une semaine en raison des cérémonies de remise des diplômes prévues au Veterans Memorial Coliseum de Phoenix et devrait se poursuivre en juin.
Bien que les votes du comté de Maricopa aient été recomptés deux fois auparavant, l’audit en cours en Arizona n’est pas techniquement un recomptage, qui vérifierait les totaux par rapport aux bulletins de vote. Aucun des deux recomptages n’a révélé d’irrégularités significatives.
L’audit actuel porte plutôt sur deux questions plus générales : chaque électeur était-il légalement autorisé, en vertu de la loi de l’État, à voter lors de l’élection de 2020 et toutes les procédures de numérisation, de comptage et de stockage des fichiers numériques de l’État ont-elles été respectées ? Il n’y a pas encore de résultat définitif, mais le débat fait rage en ligne et dans les salles d’audience du Sénat de l’État.
M. Trump a critiqué les républicains du comté de Maricopa et le gouverneur républicain Doug Ducey. « Pourquoi se précipite-t-il pour mettre un démocrate au pouvoir ? » a-t-il demandé en ligne en novembre, « surtout quand tant de choses horribles concernant la fraude électorale sont révélées lors de l’audience qui se déroule en ce moment. »
Le secrétaire général du comté de Maricopa, Stephen Richer, a répliqué : « Nous ne pouvons plus nous permettre ces mensonges insensés. En tant que parti. En tant qu’État. En tant que pays. » Richer, un républicain, a battu un sortant démocrate en janvier.
L’audit est gigantesque et très controversé. Quelque 2,1 millions de bulletins de vote et 400 machines à voter sont réexaminés par des enquêteurs externes sous la direction du Sénat de l’État. Selon les responsables républicains du Sénat, l’audit a jusqu’à présent mis en évidence des votes potentiellement illégaux et des manquements dans les procédures officielles de collecte des votes. Entre-temps, les responsables républicains du conseil des superviseurs du comté de Maricopa ont nié tout manquement à la procédure dans une lettre de 11 pages envoyée la semaine dernière. En raison du fait que le comté a exigé du sénat de l’État qu’il conserve tous les documents et enregistrements informatiques, il semble que les républicains du comté préparent le terrain pour un procès contre le sénat de l’État dirigé par les républicains.
En raison de la pandémie, les élus et les juges ont modifié de nombreuses règles concernant les bulletins de vote par correspondance, les bulletins de vote par procuration et les heures de vote dans les semaines et les mois qui ont précédé l’une des compétitions présidentielles les plus disputées de l’histoire américaine.
Étant donné que ces changements ne sont pas passés par les législatures des États et n’ont pas été largement couverts par la presse, les partisans des candidats perdants – principalement des républicains et surtout l’ancien président Trump – ont affirmé que ces changements de procédure étaient illégitimes. Les juges d’État et fédéraux ont jusqu’à présent refusé d’entendre, ou rejeté pour des raisons de procédure, plus de deux douzaines de procès de ce type.
Cependant, dans le sillage de l’audit du comté de Maricopa, les juges et les législateurs d’État cèdent de plus en plus aux demandes d’examens similaires. Un juge du comté de Fulton, en Géorgie, le plus peuplé des trois comtés d’Atlanta, a récemment ordonné la levée des scellés de près de 150 000 bulletins de vote par correspondance et a annoncé son intention de fixer des règles strictes pour le processus d’examen des bulletins. Des efforts similaires doivent être entrepris dans un comté rural du Michigan et dans une ville du New Hampshire qui fut le lieu de résidence l’ancien directeur de campagne de Trump, Corey R. Lewandowski.
À l’origine, le combat opposait les responsables du parti démocrate, qui ont largement supervisé la collecte et le dépouillement des votes à travers l’État du Grand Canyon (Arizona), aux responsables du parti républicain qui dominent la législature de l’État et dont le candidat à la présidence a remporté l’Arizona en 2016 mais l’a perdu en 2020. Trump a qualifié à plusieurs reprises sa défaite de « fraude » et ses partisans ont exigé des enquêtes.
La secrétaire d’État de l’Arizona, Katie Hobbs, une démocrate, a condamné l’audit externe pour diverses raisons : les politiques et les procédures n’ont pas été affichées publiquement, les enquêteurs n’ont aucune expérience préalable des élections, le processus est secret et l’effort est inutile puisque son bureau a mené deux recomptages après le décompte initial des élections. Le conseil des superviseurs du comté de Maricopa, dirigé par des républicains, a largement fait écho à ces préoccupations.
« Nous savons que cet audit n’est qu’une tentative mal-fondée pour discréditer le résultat de l’élection de 2020 », a déclaré Edder Diaz Martinez, directeur de la communication du parti démocrate du comté de Maricopa, à Zenger News. « Cette élection est terminée depuis six mois et ce n’est qu’une tentative de plaire à l’extrême droite. »
Les démocrates soulignent que le Parti républicain de l’Arizona verse 150 000 dollars à Cyber Ninjas, l’entrepreneur choisi par l’assemblée législative de l’État dirigée par le parti Républicain, et mettent en doute l’intégrité de la société basée en Floride, soulignant que son PDG, Doug Logan, a aidé à diriger la campagne « Stop the Steal » (Arrêtez le vol [de l’élection] ) avant l’émeute du Capitole le 6 janvier.
Cyber Ninjas a démenti les allégations de secret (manque d’affichage des procédures de l’audit) de Hobbs en citant la diffusion d’un flux en direct ininterrompu pendant 24 heures depuis le colisée de Phoenix où l’audit est en cours. Depuis le début de l’audit, les employés de Cyber Ninjas peuvent être vus sur la retransmission en direct en train d’ausculter les bulletins de vote avec des lampes à ultraviolets et de procéder à une analyse scientifico-légale des ordinateurs. Leurs politiques et procédures sont également publiées en ligne.
Zenger News a envoyé un e-mail à l’attaché de presse de Cyber Ninjas, mais il n’y a pas eu de réponse.
« Depuis des mois, les journalistes des médias mainstream répètent sans cesse, comme des perroquets, que toutes ces allégations sont « sans fondement » et « sans preuve » », a déclaré M. Byrne. « Il est peut-être temps qu’ils commencent à réfléchir de manière indépendante ».
Biden a remporté les 11 voix du collège électoral de l’Arizona en battant Trump avec 49,36 % contre 49,06 %, soit une différence de 10 457 voix, selon les décomptes officiels.