Article original datant du 16/05/22
Comme Revolver et d’autres l’ont rapporté, Nina Jankowicz, surnommée « Moaning Myrtle » (« Mimi Geignarde », d’après un personnage des romans Harry Potter, NdT) n’est pas prise au sérieux. La super fan de Harry Potter, devenue propagandiste, est maintenant la responsable choisie par l’administration Biden pour le « Conseil de gouvernance de la désinformation« . Parmi les nombreuses autres vidéos embarrassantes en circulation, on trouve le clip suivant de Nina Jankowicz rejetant de manière bizarre et catégorique la notion de ce qu’on appelle « l’État profond« .
Il n’y a pas d’État profond. C’est Nina qui le dit.
Pour ceux qui ne supportent pas les vidéos incrustées, voici ce qu’elle a dit dans la vidéo :
Parler de l’État profond et de choses comme ça, ce qui est un fil rouge parmi les communautés de conspirationnistes ici aux États-Unis, dire qu’il y a cette cabale secrète ici à Washington qui travaille pour dominer le peuple américain ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité ; [je le dis] en tant que personne qui travaille avec et autour de ces fonctionnaires tous les jours.
Quoi que l’on pense de l’expression précise « État profond« , Nina souhaite vivement que tout le monde rejette le concept même de groupes secrets opérant au sein de Washington. Elle travaille « avec et autour » d’eux après tout, et elle affirme qu’une telle cabale ou un tel réseau de cabales n’existe pas.
En fait, Nina connaît la vérité, et c’est le contraire de ce qu’elle prétend ci-dessus. Le nom de Nina est apparu dans l’une des fuites d’informations de sécurité nationale les plus explosives et les plus agressivement censurées du siècle. La fuite en question a exposé « Integrity Initiative« (l’Initiative pour l’intégrité), une sombre ONG financée par le gouvernement qui semble s’être engagée dans des ingérences politiques et des opérations d’influence secrètes dans les pays occidentaux sous couvert de lutte contre la « désinformation ».
Fondée à la mi-2015 sous les auspices de l' »Institute for Statecraft », une ONG financée par le gouvernement britannique, l’Integrity Initiative s’est targuée d’une devise précocement à la mode : « Défendre la démocratie contre la désinformation. »
L’Initiative pour l’intégrité « défendait la démocratie » en recrutant des « clusters » secrets d’universitaires, de bureaucrates de la sécurité nationale, de journalistes, de groupes de réflexion et de lobbyistes dans plusieurs pays européens. Ces « clusters » seraient ensuite engagées de diverses manières pour faire face aux menaces spécifiques à chaque nation de la soi-disant « désinformation russe« .
Dans son organisation, son financement, son fonctionnement, sa structure et sa rhétorique, l’Initiative pour l’intégrité est le meilleur modèle unique pour comprendre comment tout le nid de frelons des ONG, des journalistes et des bureaucrates de la « sécurité nationale » travaille secrètement et de concert pour mener une guerre psychologique contre les citoyens de l’Ouest. On ne peut pas comprendre comment fonctionne l’industrie de la désinformation sans comprendre « Initiative pour l’intégrité », peu connue (et aujourd’hui disparue).
Heureusement, avant sa disparition, des pirates informatiques ont divulgué une énorme quantité de documents internes de « Integrity Initiative »² Nous reviendrons sur cette fuite dans un instant, mais pour l’instant, voici une description officielle des « clusters » tirée de l’un de ces documents divulgués :
Texte intégral transcrit ici pour plus de lisibilité (c’est nous qui soulignons) :
Le réseau des réseaux :
The Integrity Initiative a été créé à l’automne 2015 par l’Institute for Statecraft en coopération avec l’Université libre de Bruxelles (VUB) pour attirer l’attention des politiciens, des décideurs, des leaders d’opinion et des autres parties intéressées sur la menace que représente la Russie pour les institutions démocratiques au Royaume-Uni, dans toute l’Europe et en Amérique du Nord….
L’Initiative pour l’intégrité vise à unir les personnes qui comprennent la menace, afin de fournir une réponse occidentale coordonnée à la désinformation russe et aux autres éléments de la guerre hybride.
La nature de cette réponse doit rendre contre-productive la tactique russe consistant à diviser les pays en interne et les uns par rapport aux autres. Ce sera le cas si chaque attaque russe d’information et d’influence incite le pays ciblé à partager l’analyse de l’attaque avec les autres pays du réseau sur une base gouvernementale, augmentant ainsi la collaboration et la cohésion de l’Alliance. Le Comité politique de l’OTAN peut jouer un rôle important à cet égard.
La meilleure façon de créer un réseau efficace est de former dans chaque pays européen un groupe de personnes bien informées issues des sphères politique, militaire, universitaire, journalistique et des groupes de réflexion, qui suivront et analyseront les exemples de désinformation dans leur pays et informeront les décideurs et les autres parties intéressées de ce qui se passe.
Le nom de Nina Jankowicz apparaît dans une fuite de 2018 comme membre du « noyau dur » du cluster britannique de l’Integrity Initiative, plus précisément dans le sous-groupe consacré à la Russie.
Un autre nom qui apparaît aux côtés de celui de Nina Jankowicz dans les documents ayant fait l’objet d’une fuite en tant que membre du « noyau dur » du groupe britannique chargé des relations avec la Russie est celui d’Anne Applebaum. Revolver a brièvement évoqué l’implication apparente d’Applebaum dans l’Initiative pour l’intégrité dans un article précédent.
Applebaum a été vu pour la dernière fois refusant de commenter la dissimulation coordonnée de l’ordinateur portable de Hunter Biden. La co-membre, semble-t-il, d’Applebaum, Nina Jankowicz, a amplifié à plusieurs reprises l’affirmation discréditée de la communauté du renseignement américaine selon laquelle l’ordinateur portable de Hunter Biden était une opération de désinformation russe :
Retour sur » l’ordinateur portable de l’enfer « , apparemment – Biden note que 50 anciens responsables de la sécurité nationale et 5 anciens chefs de la CIA pensent que l’ordinateur portable est une opération d’influence russe.
Trump dit « Russie, Russie, Russie ».
À partir de la description formelle des « clusters » de l’Integrity Initiative ci-dessus, il est quelque peu difficile de déduire le type d’activité dans lequel Nina Jankowicz a pu être impliquée. Mais comme par hasard, les fuites comprenaient des documents décrivant l’activité du cluster espagnol de l’Integrity Initiative.
En 2018, le parti au pouvoir en Espagne a tenté de nommer Pedro Baños à la tête du département de la sécurité nationale du pays. Le cluster espagnol d’Integrity Initiative ainsi que plusieurs associés britanniques ont immédiatement sauté dans l’action pour saboter la nomination de ce fonctionnaire prétendument « pro-Kremlin« . Le document suivant, issu des fuites, détaille leurs efforts :
Transcription (c’est nous qui soulignons) :
Midi : Le cluster espagnol de l’Initiative pour l’intégrité (II) apprend qu’une voix pro-Kremlin bien connue, Pedro Baños, va être nommé directeur du département de la sécurité nationale, qui travaille en étroite collaboration avec le bureau du Premier ministre espagnol (La Moncloa) et est très influent dans l’élaboration de la politique.
14:00 : Le chef du cluster espagnol alerte les autres membres du cluster et prépare un dossier pour informer les principaux médias espagnols. Le cluster lance une campagne sur Twitter pour tenter d’empêcher la nomination.
15:45 : Le chef de file du cluster espagnol alerte l’équipe britannique d’Integrity Initiative qui active le réseau Integrity Initiative pour générer un soutien international à la campagne sur Twitter.
L’équipe britannique crée un groupe WhatsApp pour coordonner la réponse sur Twitter, obtenir des contacts sur Twitter pour sensibiliser les gens et faire en sorte que les gens retweetent les posts, publie un article d’opinion de Nico de Pedro sur le site Web espagnol de StopFake, qui a également été retweeté par des influenceurs clés.
Le cluster envoie des infos à El Pais et El Mundo pour qu’ils le publient et alertent les contacts des ambassades britannique et française.
Résultat
A 19:45, le Cluster espagnol évalue que la campagne a généré un bruit significatif sur Twitter. Des contacts au sein du Parti socialiste confirment que le Premier ministre a reçu le message. Certains diplomates espagnols expriment également des inquiétudes
Le résultat de la campagne de l’Initiative pour l’intégrité a été rapide et décisif. Après une semaine de lobbying, le premier ministre espagnol de l’époque, Pedro Sanchez, a nommé un autre homme à ce poste.
Bien qu’ils aient ostensiblement « défendu la démocratie contre la désinformation », les groupes de l’Integrity Initiative ont opéré dans l’ombre pour interférer avec un autre événement politique en Espagne. Voici un extrait d’un « Rapport d’activité » de l’Integrity Initiative ayant fait l’objet d’une fuite :
« Intégrité Espagne »:
Notre premier pôle, mis en place en janvier 2017, est dirigé par un universitaire actuellement au CIDOB, un groupe de réflexion basé à Barcelone. Le séminaire inaugural a été coparrainé par le QG de l’OTAN et a porté sur l’influence malveillante de la Russie en Europe de l’Est et en Afrique du Nord. Une deuxième session inaugurale s’est tenue peu après au groupe de réflexion ECFR à Madrid afin d’assurer une couverture nationale équilibrée. Ce groupe de travail tire ses participants du monde universitaire, des médias, des fonctionnaires et des militaires et de plusieurs partis politiques. Son principal moyen d’influence est la publication de documents académiques et surtout d’articles, écrits par des journalistes indépendants dans des journaux comme El Pais, basés sur des données fournies anonymement par le cluster. Ce cluster a produit une étude majeure sur l’influence russe dans le processus de référendum catalan, qui a été diffusée en privé à des influenceurs clés en Espagne, y compris le bureau du Premier ministre, et dans toute l’Europe sur le réseau Integrity Initiative.
Tout comme pour l’incident de Baños, l’Initiative pour l’intégrité, soutenue par le gouvernement, s’est invitée dans une affaire politique – cette fois le mouvement d’indépendance catalan.
Deux choses sont particulièrement dignes d’intérêt dans les opérations décrites ci-dessus.
Premièrement, nous notons la sinistre ironie du fait que l’Integrity Initiative, financée par l’OTAN et dont l’objectif ostensible est de « défendre la démocratie contre la désinformation », a été prise en flagrant délit de mener une opération d’influence secrète pour s’immiscer dans la politique interne de l’Espagne, un membre démocratique de l’OTAN.
Deuxièmement, nous constatons à quel point la plateforme de réseaux sociaux Twitter était cruciale – voire indispensable – aux opérations d’influence en question. C’est précisément l’importance de Twitter en tant que théâtre des opérations d’influence psychologique soutenues par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’OTAN qui a motivé notre analyse de la tentative d’achat de la plateforme par Elon Musk. Nous n’exagérions pas lorsque nous avons décrit la menace d’Elon d’autoriser la liberté d’expression et la transparence sur Twitter comme une « déclaration de guerre » contre le régime. Comme le montre l’utilisation de la plateforme par l’Integrity Initiative, la valeur de Twitter pour les agences de renseignement alignées sur les États-Unis en tant que terrain d’entente pour les opérations d’influence dépasse de loin sa valeur nominale en tant qu’entreprise technologique.
Jusqu’à présent, tout au long de cet article, nous avons fait référence à plusieurs reprises à l’Initiative pour l’intégrité comme étant « financée par l’État ». Ce n’est pas une simple spéculation. L’Integrity Initiative s’est efforcée de masquer la nature de ses opérations. Son adresse indiquée était en Écosse, alors qu’elle opérait en réalité à Londres. Le financement de l’Integrity Initiative provenait d’un organisme à but non lucratif basé en Écosse, l’Institute for Statecraft, dont elle était une filiale. L’Institute for Statecraft se présente comme une organisation indépendante avec un large éventail de bailleurs de fonds, mais en réalité, la grande majorité de son financement provient du gouvernement britannique. Au cours de son exercice 2018-2019 (courant de mars 2018 à mars 2019), l’Institut a déclaré 2,2 millions de livres de revenus.
Combien d’argent l’Institute for Statecraft a-t-il reçu du Foreign & Commonwealth Office (FCO) britannique pendant cette période ? 2,2 millions de livres sterling ! À propos, à la même époque, le FCO supervisait à la fois le GCHQ (l’équivalent britannique de la NSA) et le MI6 (son équivalent de la CIA).
Comme l’a demandé un jour le capital-risqueur Marc Andreessen :
Qui paie pour le complexe industriel de désinformation ?
La réponse, il s’avère que c’est vous, le contribuable américain. En plus de recevoir des fonds du FCO britannique, l’Integrity Initiative a également reçu des fonds directement de l’OTAN, alias le contribuable américain, en plus des fonds du Département d’État américain.
Le financement n’était pas exclusivement gouvernemental, cependant, car dans un symbole approprié de l’attachement croissant entre Big Tech et l’État de sécurité, l’Institut a reçu une petite partie de l’argent de Facebook, comme le montre le document ci-dessus.
Ce qui est peut-être plus inquiétant que le fait que Facebook ait financé l’Integrity Initiative, c’est que le nom de Ben Nimmo apparaît comme un membre apparent du cluster britannique de l’Integrity Initiative, juste là avec Nina Jankowicz (voir le nom de Ben, troisième en partant du haut dans le cluster britannique Inner Core Russia).
Au moment de la fuite, Ben Nimmo travaillait pour un groupe appelé Digital Forensic Research Lab (DFRLab). Le DFRLab est une filiale de l’Atlantic Council, une ONG qui est également financée par le ministère britannique des Affaires étrangères et du Comté, l’OTAN et le département d’État. Le groupe se vante d’avoir « opérationnalisé l’étude de la désinformation en exposant les faussetés et les fake news. » Vous savez ce que cela signifie : Nimmo et le DFR sont devenus célèbres pour avoir accusé toutes sortes de journalistes et même des civils au hasard d’être des « robots russes ».
Le manuel de l’Initiative pour l’intégrité qui a fait l’objet d’une fuite identifie le DFR Lab de Ben Nimmo, ainsi que Buzzfeed et une poignée d’autres organisations, comme des points de vente amis sur lesquels s’appuyer pour mener ses opérations d’influence.
Quel est le poste actuel de Ben Nimmo ? Si vous avez deviné que Ben Nimmo travaille actuellement chez Facebook et aide à diriger la stratégie mondiale de renseignement sur les menaces contre les opérations d’influence, vous avez raison.
Next week, I’m starting at Facebook, where I’ll be helping to lead global threat intelligence strategy against influence operations.
— Ben Nimmo (@benimmo) February 5, 2021
I’m very excited to join one of the best IO teams in the world to study, catch and get ahead of the known players and emerging threats.
Quelques nouvelles personnelles : c’est aujourd’hui mon dernier jour à @Graphika_NYC.
Mon équipe a réalisé un travail d’enquête et de recherche incroyable sur les opérations d’influence de la Russie, de l’Iran, de la Chine et de bien d’autres endroits.
Nous avons innové, et je ne pourrais pas être plus fier de l’équipe que @camillefrancois et moi avons construite.
La semaine prochaine, je commence chez Facebook, où je contribuerai à diriger la stratégie mondiale de renseignement sur les menaces contre les opérations d’influence.
Je suis très enthousiaste à l’idée de rejoindre l’une des meilleures équipes informatiques au monde pour étudier, cerner et devancer les acteurs connus et les menaces émergentes.
Vous ne pouvez tout simplement pas inventer ce genre de choses !
Nimmo n’est pas un inconnu pour Revolver, et nous encourageons les lecteurs à consulter nos précédents travaux sur Nimmo, l’Initiative pour l’intégrité et l’industrie de la désinformation ici :
Le tableau qui se dessine à ce jour est aussi troublant qu’indéniable. L’Integrity Initiative était une opération d’influence secrète, financée par le gouvernement, qui engageait des « clusters » secrets de journalistes et d’universitaires à se coordonner afin de s’immiscer dans le processus politique des démocraties occidentales sous couvert de combattre la « désinformation » et de « défendre la démocratie ».
Non seulement l’Initiative pour l’intégrité a été financée par des bureaucraties de sécurité nationale, mais elle s’est conduite précisément de la même manière subreptice que l’on associerait typiquement au monde des espions et de l’espionnage. Un document ayant fait l’objet d’une fuite conseille son lecteur sur la façon de procéder pour recruter des personnes pour un groupe. Il se lit bien plus comme un document de renseignement que comme un document lié au journalisme.
« Soyez absolument sûrs… que nous pouvons leur faire confiance avant de leur parler » est une phrase déconcertante pour un groupe dont le seul but est de corriger la « désinformation ». Politifact et Snopes peuvent ou non produire de bons rapports de « fact checking« , mais nous doutons fortement qu’ils s’inquiètent de pouvoir « faire confiance » à ceux avec qui ils partagent leur travail.
Mais cette obsession de la confiance est tout à fait compréhensible pour un groupe dont le but réel est de manipuler le public, plutôt que de l’informer.
Les lignes sur le financement sont encore plus révélatrices. « Soyez toujours fermement vague et utilement peu informatif » au sujet de l’acheminement de l’argent aux membres du groupe. D’un autre côté, « soyez très clair » sur les « multiples sources » de financement de l’Initiative pour l’intégrité, qui se trouvent inclure le gouvernement britannique et des « organisations internationales. »
Ce sentiment que l’on lit un rapport de renseignement imprègne également les rapports d’activité du groupe. Lisez les citations ci-dessous et demandez-vous : Cela ressemble-t-il à une opération de journalisme ou à une opération de renseignement ?
« Intégrité Italie » :
Le cluster italien nouvellement formé est dirigé par un professeur italien qui est également lié au Comité atlantique italien. Lui et ses collègues ont récemment produit une étude sur l’influence russe dans et autour des récentes élections en Italie et travaillent actuellement sur une étude visant à expliquer la vulnérabilité de l’Italie à l’influence russe. Les principaux moyens de diffusion de l’information sont les personnes occupant des postes universitaires et une série de clubs atlantiques – groupes de discussion sur les affaires internationales dans plusieurs villes d’Italie. La sensibilité de la situation politique en Italie, et l’étendue de l’influence russe dans les partis politiques, signifie que le groupe doit se développer prudemment, en tâtonnant et en cherchant les meilleurs moyens d’avoir un impact positif.
« Intégrité Grèce » :
La Grèce est un pays particulièrement sensible dans lequel opérer, étant donné ses défis politiques et économiques actuels.
…
Le groupe d’Athènes est composé de journalistes qui opèrent très discrètement et dont les principaux moyens de diffusion sont des articles et un site Web.
Arménie:
Suite à la « révolution » populaire et silencieuse en Arménie, nous étudions comment nous pourrions établir en toute sécurité une « Intégrité Arménie ». L’un des Associés de l’Institut, d’origine arménienne, joue le rôle de conseiller informel auprès du nouveau Premier ministre, du Ministre des affaires étrangères et de la NSA. Il étudie les possibilités, notamment celle d’un ami journaliste comme chef de groupe probable. La situation politique délicate exige que cela soit fait avec la plus grande prudence.
République tchèque:
Comme la République tchèque est bien desservie par le groupe de réflexion European Values, nous n’avons pas jusqu’à présent vu la nécessité d’y établir un cluster, mais avons trouvé plus rentable de nous lier à cette organisation et de soutenir ses activités. Toutefois, étant donné la récente trajectoire politique de la République tchèque, il pourrait s’avérer nécessaire de revoir cette décision en temps voulu.
La « trajectoire politique » en République tchèque, soit dit en passant, est la réélection en 2018 du président anti-immigration Milos Zeman, qui a parfois fait l’éloge de Vladimir Poutine, soutenu l’ascension de Donald Trump aux États-Unis et partagé l’aversion de ce dernier pour les journalistes. Loin de s’inquiéter des mensonges russes spécifiques qui parviennent à l’Occident, l’Initiative pour l’intégrité s’inquiète en réalité de développements politiques plus larges qu’elle qualifie vaguement de « pro-russes« . Cela revient à s’ingérer dans la politique intérieure de la démocratie occidentale sous le couvert de la lutte contre la désinformation.
S’il subsistait un doute quant à l’utilisation inavouée et fallacieuse du terme « désinformation » à des fins politiques, il suffit de consulter le « Guide to Countering Russian Disinformation » (Guide pour contrer la désinformation russe) de l’Integrity Initiative. Le guide hurle aux « mensonges » de l’administration Trump sur un ton à peine différent de celui de l’article le plus dérangé du New York Times. Avant de dire quoi que ce soit sur la désinformation russe, le guide introduit le concept de désinformation en faisant référence à deux pseudo-fact checking mesquins en relation avec Donald Trump.
L’Initiative pour l’intégrité devient encore plus suspecte quand on voit comment ses organisateurs ont réagi lorsque des hackers ont attiré l’attention sur leur travail. Les fuites de l’Initiative pour l’intégrité ont commencé le 5 novembre 2018 et ont été publiées sur un site de pirates informatiques lié à Anonymous appelé Cyberguerilla. Le site original de Cyberguerilla est maintenant défunt, et notre reportage a croisé tous les documents avec les versions téléchargeables des fuites originales disponibles sur la version archivée du site de Cyberguerilla.
Avant les fuites de documents de 2018, le « think tank » Institute for Statecraft conservait un site Web insipide, hébergeant une poignée de documents sponsorisés et de travaux similaires. Mais peu après la fuite des documents d’Anonymous, l’Institut a tout retiré, ne laissant qu’un espace réservé avec un formulaire de contact et un avis indiquant qu’il retirait « temporairement » ses informations « en attendant une enquête. » Et c’est ce qui s’est passé au cours des trois dernières années.
Bienvenue sur le site de l’Institute For Statecraft
Tout le contenu a été temporairement retiré de ce site, dans l’attente d’une enquête sur le vol de données de l’Institute for Statecraft et de son programme, Integrity Initiative.
Les premières conclusions indiquent que le vol fait partie d’une campagne visant à saper le travail de l’Integrity Initiative dans les domaines suivants recherche, la publication et la lutte contre la menace que représentent la désinformation et d’autres formes de guerre hybride pour les démocraties européennes. guerre hybride.
Le site Web sera relancé sous peu. En attendant, nous espérons être en mesure de publier une analyse du hack et de sa signification dans un avenir proche.
Nous souhaitons retracer la source du piratage et l’utilisation qui a été faite de nos données, certaines authentiques, d’autres falsifiées. Si vous avez des informations que vous pensez être pertinentes, veuillez nous contacter ici.
Si vous souhaitez faire part de votre soutien au travail de l’Institute for Statecraft et à ses programmes, ou recevoir des informations de notre part sur les événements à venir, les programmes de formation, etc. ou recevoir des informations de notre part sur les événements, rapports ou briefings à venir, veuillez cliquer ici.
Veuillez continuer à suivre nos actualités et notre contenu sur Twitter et Facebook.
Déclaration de l’Institute for Statecraft en réponse au rapport de l’Office of the Scottish Charity Regulator on son enquête sur l’Institut, 04 11 2019. Les administrateurs et le personnel de l’Institut sont reconnaissants à l’OSCR d’avoir mené cette enquête à son terme et souhaitent exprimer leur appréciation pour l’approche hautement professionnelle de l’OSCR dans la conduite de l’enquête. Nous reconnaissons la nécessité de nous améliorer davantage dans les domaines de la gouvernance mis en évidence dans le rapport. Les administrateurs ont souligné leur engagement dans ce travail et leur volonté de collaborer étroitement avec l’OSCR à cet égard, alors que l’Institut va de l’avant.
Les visiteurs sont invités à se rendre sur le Facebook de l’Institut (qui n’existe plus) et sur sa page Twitter (inactive depuis 2019, tous les tweets antérieurs à 2019 ayant été supprimés). Pourtant, malgré toutes les apparences, il ne l’est pas désactivé, puisqu’il continue à fournir des informations au ministère écossais de la charité. Bien qu’ils soient censés être tout à fait innocents et au-dessus de tout soupçon, l’Integrity Initiative et l’Institute for Statecraft ont, à toutes fins utiles, fermé boutique depuis que des pirates informatiques ont attiré l’attention sur leur travail et le soutien des gouvernements occidentaux à cet égard.
À Revolver, nous avons été frappés par la relative inaccessibilité des documents de l’Integrity Initiative, et tout aussi frappés par l’absence quasi totale de reportages grand public sur ce qui devrait être l’équivalent des fuites de Snowden pour l’ère de la « désinformation ». Il est déprimant de constater que la droite semble avoir presque totalement ignoré cette histoire. Au lieu de cela, la couverture de l’Initiative pour l’intégrité a été largement confinée à des organes marginalisés (mais souvent de grande qualité) comme The Grayzone, qui font un excellent travail de critique de l’État de sécurité nationale d’un point de vue de gauche. Nous encourageons les lecteurs à consulter la couverture extérieure existante des fuites de l’Integrity Initiative ici et ici.
Vous remarquerez que très peu d’entre eux ont traité de ce que Nina Jankowicz a réellement fait pour l’Integrity Initiative. Cela démontre un point important : Nina Jankowicz n’est en fait ni remarquable ni particulièrement importante. Elle n’est qu’un petit rouage dans une vaste machine.
L’homme en charge de l’Institute for Statecraft, et par extension de l’Integrity Initiative, a en fait écrit un article entier suggérant le fonctionnement de cette machine. Avant de fonder l’Institute for Statecraft, Chris Donnelly a passé 12 ans comme conseiller de quatre secrétaires généraux consécutifs de l’OTAN. Dans un mémo privé, rédigé pour les membres du ministère britannique des Affaires étrangères et divulgué avec d’autres documents de l’Integrity Initiative, Donnelly décrit comment, dans un monde post-Brexit, le gouvernement britannique pourrait envisager de privatiser ses efforts d’influence.
Dans le document susmentionné, M. Donnelly reconnaît l’idée qu’une grande partie du travail gouvernemental pourrait être confiée au secteur privé, qui est prétendument plus adaptable à la « vitesse du changement mondial » – et, plus important encore, qui n’a pas toute la gamme de « responsabilité » attachée aux fonctionnaires. Il est particulièrement important pour les agents du gouvernement d’éviter la responsabilité lorsqu’il s’agit de questions de liberté d’expression et de censure. Un article de The Atlantic datant du début de l’année 2020 notait en particulier comment des contraintes constitutionnelles telles que le Premier Amendement ont fait que la plupart de l’appareil de censure américain a été externalisé au secteur privé (c’est nous qui soulignons) :
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la surveillance numérique et le contrôle de la parole aux États-Unis présentent déjà de nombreuses similitudes avec ce que l’on trouve dans des États autoritaires comme la Chine. En raison de différences constitutionnelles et culturelles, c’est le secteur privé, plutôt que le gouvernement fédéral et les gouvernements des États, qui prend actuellement la tête de ces pratiques, qui favorisent des valeurs et traitent des menaces différentes de celles de la Chine. Mais la tendance vers une plus grande surveillance et un plus grand contrôle de la parole ici, ainsi que vers une implication croissante du gouvernement, est indéniable et probablement inexorable.
Comme le montrent les fuites ci-dessus, les organisations comme l’Integrity Initiative ne sont pas non plus exactement du « secteur privé« , du moins dans l’acception traditionnelle du terme. En tant qu’organisations financées par l’État accomplissant des objectifs de « sécurité nationale » financés par l’État, les groupes comme l’Integrity Initiative sont plutôt considérés comme des extensions de l’État sécuritaire qui ont évolué pour fonctionner avec moins de responsabilité. La propre évolution de Nina Jankowicz, qui est passée du statut de membre apparent de l’Integrity Initiative à celui de chef d’un « Conseil de gouvernance de la désinformation » au sein du ministère de la Sécurité intérieure, témoigne de l’émergence d’une porte tournante public-privé pour les membres fidèles de l’industrie de la désinformation.
Dans tous les cas, l’Initiative pour l’intégrité représente la nature de l’opération d’influence moderne. La censure, c’est bien plus que de simples employés énervés des grandes entreprises technologiques qui décident qui bannir et quels sujets deviennent « tendance« . Silencieusement mais aussi constamment, la censure et le contrôle narratif émanent de l’État, sous la forme de groupes de la société civile, d’ONG et de « réseaux » découpés qui contrôlent les informations nationales sous le prétexte de préserver la sécurité nationale et de lutter contre la « désinformation ». Une industrie entière – l’industrie de la désinformation – a émergé pour faciliter ce processus.
La désinformation fait partie de la devise de l’Initiative pour l’intégrité pour une très bonne raison. La « désinformation » est le passe-partout de la propagande intérieure moderne. Le régime peut désormais cibler des mouvements politiques et des politiciens spécifiques au motif qu’ils sont influencés par ou sous l’emprise de la « désinformation » étrangère. Des questions auparavant purement politiques, comme le mouvement Brexit ou l’indépendance de la Catalogne ou la réélection de Donald Trump, sont désormais évaluées comme « servant l’agenda de Poutine ». Et maintenant, de manière critique, la coordination des universitaires, des journalistes et des intellectuels publics pour pousser secrètement une ligne politique soutenue par le régime est maintenant justifiée comme le contrepoids nécessaire aux récits de « désinformation« .
L’Initiative pour l’intégrité a peut-être disparu, mais l’industrie de la désinformation qu’elle a contribué à créer demeure. Si les Américains veulent riposter à la censure et à la guerre intérieure plus large contre le terrorisme menée par leur propre appareil de sécurité d’État, il est impératif de comprendre cette industrie de la désinformation dans son intégralité. Attachez-vous – nous ne faisons que commencer.