La rencontre entre des talibans et des responsables chinois alimente les craintes d’un renforcement des liens

Article original datant du 15/08/21

Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a rencontré neuf représentants du groupe militant le 28 juillet et a déclaré que Pékin s’attendait à ce que le groupe militant “joue un rôle important” dans l’avenir de l’Afghanistan.

Des responsables officiels des talibans et de la Chine se sont rencontrés le mois dernier – un signe inquiétant de renforcement des liens.

Le 28 juillet, le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a rencontré neuf représentants du groupe militant.

Il a déclaré que Pékin attendait des talibans qu’ils “jouent un rôle important dans le processus de réconciliation pacifique et de reconstruction de l’Afghanistan”, quelques semaines seulement avant le chaos de dimanche.

La réunion s’est déroulée dans un contexte où l’on prétend que la ligne dure du mouvement islamique espère obtenir une plus grande reconnaissance sur la scène mondiale s’il revient au pouvoir.

Les Talibans ont insisté sur le fait qu’ils recherchent un transfert pacifique du pouvoir et ont promis une amnistie pour ceux qui ont travaillé avec des pays étrangers ou le gouvernement afghan.

Chinese State Councilor and Foreign Minister Wang Yi meets with Mullah Abdul Ghani Baradar, political chief of Afghanistan's Taliban
Le conseiller d’État et ministre des affaires étrangères chinois Wang Yi rencontre le mollah Abdul Ghani Baradar, chef politique des talibans afghans.

Mais il est à craindre que le pays ne soit replongé dans l’âge sombre qu’il a connu avant l’invasion des forces américaines en 2001, avec notamment des exécutions publiques et des démembrements.

Les talibans sont sur le point de reprendre le contrôle de l’Afghanistan après avoir pris d’assaut Kaboul dimanche.

Ils ont intensifié leur campagne pour vaincre le gouvernement soutenu par les États-Unis en avril, après que le président Joe Biden a confirmé leur intention de mettre fin à 20 ans de guerre.

L’arrivée du groupe militant dans la capitale a contraint les ambassades étrangères à fermer et a laissé des millions de civils inquiets de ce qui les attend sous leur règne austère.

Des familles déplacées des provinces du nord, qui ont fui leurs maisons en raison des combats entre les talibans et les forces de sécurité afghanes, s’abritent dans un parc public à Kaboul.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a exhorté dimanche les talibans et toutes les autres parties à faire preuve de la plus grande retenue afin de protéger les vies et s’est dit particulièrement préoccupé par l’avenir des femmes et des filles.

“On continue de signaler de graves abus et violations des droits de l’homme dans les communautés les plus touchées par les combats”, a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, dans un communiqué, ajoutant que Guterres “est particulièrement préoccupé par l’avenir des femmes et des filles, dont les droits durement acquis doivent être protégés.”

“Toutes les exactions doivent cesser. Il appelle les talibans et toutes les autres parties à s’assurer que (…) les droits et libertés de tous sont respectés et protégés”, a ajouté M. Dujarric.

Sous le régime des talibans, entre 1996 et 2001, les femmes ne pouvaient pas travailler, les filles n’étaient pas autorisées à aller à l’école et les femmes devaient se couvrir le visage et être accompagnées d’un parent masculin si elles voulaient s’aventurer hors de chez elles.

Des Afghans font la queue devant l’AZIZI Bank pour retirer de l’argent, alors que la banque souffre de la crise financière à Kaboul.

L’emprise des talibans sur l’Afghanistan s’est renforcée dimanche après que le président sortant Ashraf Ghani a fui le pays, affirmant qu’il évitait un déluge de sang.

Les troupes britanniques ont atterri à Kaboul pour évacuer le personnel de l’ambassade travaillant dans la ville, et un certain nombre d’Afghans qui ont aidé pendant la guerre auraient également été évacués par avion.

Le Premier ministre Boris Johnson a déclaré qu’il était prioritaire de faire sortir les ressortissants britanniques du pays, mais il a ajouté qu’il incombait à l’Occident de collaborer pour éviter que l’Afghanistan ne devienne un terreau pour le terrorisme.

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