Le Parlement européen s’apprête à interdire les représentants de Pfizer

Le PDG de Pfizer, Albert Bourla, a systématiquement refusé d’assister aux réunions de la commission COVI en octobre 2022 et en décembre 2022, ce qui a déclenché les protestations des membres de la commission.

Le scandale entourant les contrats passés par Pfizer avec l’Union européenne au sujet des vaccins contre le COVID a pris une nouvelle tournure. La commission COVID du Parlement européen (COVI) a approuvé le mercredi 11 janvier une proposition visant à bannir les représentants de Pfizer du Parlement en raison du manque de transparence répété de la société.

Tous les groupes politiques ont approuvé la proposition, à l’exception du PPE ℹ️ et de Renouveau Europe ℹ️, mais leur opposition n’a pas été suffisante pour empêcher le vote. La procédure a un précédent : en 2017, l’entreprise agrochimique Monsanto ℹ️ s’était également vu refuser l’accès au Parlement européen par la commission de l’environnement (ENVI), car elle avait refusé de se conformer à la règle des auditions publiques.

Depuis plusieurs mois, de nombreux députés européens tentent d’obtenir des éclaircissements sur les conditions dans lesquelles l’Union européenne a conclu des contrats pour l’achat de vaccins contre le COVID, en vain. En cause, le manque de transparence sur le contenu exact des contrats et les échanges répétés de SMS entre Albert Bourla ℹ️, PDG de Pfizer, et Ursula von der Leyen ℹ️, présidente de la Commission européenne.

Albert Bourla a systématiquement refusé d’assister aux réunions de la commission COVI en octobre 2022 et en décembre 2022, déclenchant les protestations des membres de la commission. “Le PE a droit à une transparence totale sur les détails de ces dépenses et les négociations préliminaires qui y ont conduit”, a tweeté Kathleen Van Brempt ℹ️, présidente de la commission COVI en décembre.

@kvanbrempt
Le 28/11, la commission COVI a adressé une 2e invitation au PDG de Pfizer, @AlbertBourla, afin de clarifier les négociations relatives au contrat sur les vaccins entre la @Commission_UE et @pfizer lors d’un échange de vues. Vendredi dernier, le Dr Bourla a décliné cette invitation. 🧵

En tant que président du comité, je regrette profondément le refus du Dr Bourla. L’UE a dépensé beaucoup de ressources publiques pour la production et l’achat de vaccins. Le PE a le droit d’obtenir une transparence totale sur les modalités de ces dépenses et les négociations préliminaires qui y ont conduit.

C’est la présidente des marchés internationaux, Janine Small, qui a finalement confronté les parlementaires de la commission COVI. Elle a assuré aux députés que les contrats étaient librement accessibles – omettant de signaler que de nombreux passages avaient été délibérément expurgés et rendus illisibles. Les députés européens ont également eu des difficultés à accéder aux messages texte échangés entre Ursula von der Leyen et Pfizer pendant la phase de négociation du contrat. Janine Small a affirmé que rien n’avait été négocié par SMS, et que les messages en question étaient simplement dus à la phase de télétravail provoquée par la pandémie. Ces explications n’ont pas satisfait les parlementaires en charge du dossier, qui ont souligné le refus manifeste de Pfizer de collaborer. “Je pense qu’Albert Bourla n’est délibérément pas venu, parce qu’il ne voulait pas affronter les controverses”, a déclaré à Euractiv Véronique Trillet-Lenoir, eurodéputée française et membre du COVI. ℹ️

Suite au vote de la commission COVI, un nouveau vote doit avoir lieu au sein de la CCC ℹ️ (Conférence des présidents de commission), qui réunit tous les présidents de commission. Plusieurs options sont sur la table : la durée de l’exclusion, si la sanction s’appliquera uniquement à Bourla ou à tous les représentants de Pfizer, ou si elle est maintenue tout court. La décision finale ne devrait pas être prise avant un mois.

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